Par : Chafick FAGBÉMI
Une affaire de 343 millions de francs CFA agite la commune de Zangnanado depuis quelques semaines. Elle met en cause la méthode de gestion de l’actuel maire de la commune, Monsieur Symphorien Misségbétché.
De quoi est-il question concrètement ?
En effet, il s’agirait de la “distraction” de plusieurs millions de francs CFA, représentants des redevances de la gestion des fonds générés par la carrière de sable de Womèto, sur la période d’exploitation de 2012 à 2015 à Zagnanado. Les autorités compétentes sont informées de la situation mais ne réagissent pas aussi promptement.
Selon nos recoupements, une demande d’explication a été adressée au maire Misségbétché, le 10 octobre 2018 lors de la réunion statutaire Départementale (CDCC) à Abomey, devant ses pairs au complet, afin qu’il s’explique sur l’affaire. Mais jusqu’à présent, c’est le silence radio.
Pis, le sieur Misségbétché crierait ‘’victoire’’ et chanterait partout qu’il a déjà ‘’éteint le feu’’ et que rien ni personne ne peut plus lui réclamer encore cette somme d’argent illégalement perçu sur l’exploitation de la carrière de sable de la commune.
Qu’est-ce qui ne marche pas bien ?
Pour des faits aussi moindre, les maires de Cotonou et d’Aplahoué ont été rapidement suspendus de leur poste puis révoquer quelques heures plus tard. Mais pour le cas du maire Symphorien Misségbétché, il y aurait comme un soupçon de deux poids deux mesures. Le parallélisme aurait voulu qu’il soit suspendu pour soupçon de “détournement” quitte à faire la lumière sur le dossier. Mais jusque-là, le maire Misségbétché continue toujours de se la couler douce, comme si de rien n’était. Cequi est encore plus surprenant dans cette affaire, c’est que le gouvernement n’a donné injonctions que sur la gestion de la carrière de sable et ce, en référence du code minier alors que le rapport d’audit en question porte non seulement sur la gestion de la carrière de sable, mais aussi sur la gestion administrative et financière de la commune. Une gestion qui, selon le rapport, est émaillée d’infractions au code minier ; au code des marchés publics ; au code foncier et domanial et beaucoup d’autres irrégularités vis-à-vis de l’orthodoxie financière et administrative.
Face à toutes ces infractions, le silence du gouvernement est grand et se fait sentir de jour en jour. Ce qui conforte le maire dans sa position qui n’a pas hésité a déclaré le 15 octobre devant une délégation de l’Organe Consultatif de la Jeunesse (OCJ) de la commune de Zagnanado, que « la branche ne se cassera pas dans les bras du caméléon ». Quelques jours après devant une délégation de sages de la commune, il déclare : «j’ai déjà éteint ce feu là aussi ». Pour insinuer que la demande d’explication avec réponse sous huitaine à lui adressée par le préfet du Zou sur injonctions conjointes du ministre de l’économie et des finances Romuald Wadagni et du ministre de la décentralisation Barnabé Dassigli, à propos de la gestion de la carrière de sable de Womèto, est de nul effet et restera sans suite.
Du contenu du rapport sur la gestion de la carrière de sable
Selon le rapport d’audit de l’inspection général des finances, commandité par les ministres de l’économie et de la décentralisation, le maire Symphorien Misségnétché, aurait signé unilatéralement une convention avec la société COGETRAC Sarl, pour la vente du sable fluvial dans la localité. Une pratique qui viole les dispositions de la loi sur le code minier, qui stipule que “la délivrance d’autorisation d’exploitation de site est subordonnée à la délibération du conseil communal.”
Ce qui est vrai est que, la société COGETRAC Sarl ne dispose d’aucune convention d’exploitation. Ce qui voudrait signifier que ces déclarations à la commission d’enquête sont erronées. À preuve, cette société n’a pas été capable de brandir la preuve à lui exigée par la commission d’enquête et n’a plus comparue devant la commission. L’autre manquement est que les fonds perçus sur la vente du sable en majorité livré à la société NOCIBE en construction en ce moment ne sont nullement apparu sur aucun budget de la commune.
Or, la convention retenait 18.000 F CFA par chargement de camion de 10 roues. En plus de ces dysfonctionnements, la mission de contrôle a relevée le mauvais remplissage des quittances délivrées par les agents collecteurs, la non disponibilité de cahier de pointages contradictoires pour la traçabilité de l’opération. Aussi, aucune lettre d’exonération n’est adressée à la commune pendant cette période. Pire, NOCIBE étant le patrimoine d’un individu, ne peut s’en prévaloir. Le rapport d’audit conclut en un manque à gagner global de trois cent quarante-trois millions deux cent quatre-vingt-seize mille (343.296.000) Francs CFA, soit au total 19072 voyages de camion, à raison de 18000 F CFA par voyage. A l’heure actuelle, la question se pose de savoir si la société COGETRAC sarl qui n’a même pas payé les impôts, ne va –t-elle pas subir un redressement d’impôts avant de répondre à ses propos mensongers à la commission d’enquête.
Les populations de Zagnanado préparent une grande marche de protestation
La tension monte déjà dans le mercure. Lentement mais surement, le mouvement d’humeur est en préparation dans la commune de Zagnanado. Les administrés de cette commune ont décidé de prendre leur destin en main. Ils entendent pour ce faire organisé une géante marche de protestation dans les jours à venir si une solution définitive n’est pas trouvée à cette situation de détournement de denier public dans laquelle le nom de leur autorité territoriale est cité. Pour le moment, c’est la désolidarisation qui est mis en œuvre par les conseillers communaux. Déjà on apprend que la session budgétaire actuellement en cours à la mairie, a été boycottée par plusieurs conseillers. La prochaine étape selon nos recoupements, sera l’introduction d’une “motion de défiance pour dénoncer la gestion opaque, solitaire, hasardeuse et jonchée de scandales de tout genre du maire Misségbétché”.
Notre démarche vers le Maire se heurtent à une fin de non recevoir
Depuis l’évocation de cette affaire, notre rédaction a tenté plusieurs fois déjà de joindre le Maire afin d’entendre sa version des faits. En nous inspirant des courriers du préfet du Zou et de la requête de l’Ong Alcrer de Monsieur Martin Assogba, notre rédaction a voulu en savoir plus. Mais jusqu’à ce jour, nos multiples tentatives pour écouter la version du Maire Misségbétché se heurtent visiblement à une fin de non recevoir. C’est à croire que le Maire donne raison à ses accusateurs.