Par : Is-Deen O. TIDJANI
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Le député béninois Rachidi Gbadamassi, s’est prononcé sur les récentes déclarations du Chef de l’État béninois Patrice Talon face aux entrepreneurs de France. Répondant aux questions d’un confère [Donatien Djèglé], le Président de la commission défense, paix et sécurité de l’actuel mandature de l’assemblée nationale du Bénin, invite les internautes qui se sentent frustrés par les propos du Chef de l’État béninois, à plutôt en faire une lecture holistique et surtout placer ces propos du premier magistrat, dans un contexte “diplomatique économique de haut niveau”. Lire ici, l’intégralité décès propos sur le sujet.
Le chef de l’État a reconnu dans son interview lors de la rencontre avec les entrepreneurs de la France 2022, le recul démocratique qu’a connu sous sa gouvernance le Bénin tout en estimant que le Bénin n’aspire pas à une expression démocratique comme en France. Des propos qui ont suscité une vague d’indignations sur les réseaux sociaux. Que pensez-vous de cette déclaration face aux chefs d’entreprises français ?
Rachidi Gbadamassi : Je vous remercie. Je pense que la déclaration faite par le président de la République face aux entrepreneurs français est de la pure vérité. Elle est sans hypocrisie et sans maquillage mensonger. En venant du président Patrice Talon que je connais très bien pour son franc parler, ça ne me surprend pas. Il faut bien se connaître soi-même pour mieux assumer ses propres choix. La démocratie est universelle. Mais il n’existe pas de modèle démocratique universel. Chaque pays choisit son modèle démocratique en fonction de son histoire, de sa sociologie et des aspirations profondes de son peuple. C’est une parfaite illusion de vouloir reproduire le système démocratique d’un pays dans un autre pays. La démocratie américaine n’est pas la même que la démocratie française. Et bien évidemment la démocratie française ne peut pas être la même que la démocratie béninoise. Le minimum que l’on recherche dans une démocratie, c’est la séparation des pouvoirs et le respect de l’État de droit. Étant entendu que le reste est déterminé par un certain nombre de facteurs propres à chaque pays. Il est utopique de vouloir imposer ou transposer dans un pays en guerre ou qui sort d’un conflit armé le modèle démocratique d’un pays en paix. Si la démocratie n’est pas adaptée aux besoins des peuples, elle devient un poison, une arme de destruction massive et un catalyseur de ce développement. La France a déjà tout construit, ses dirigeants se battent pour maintenir le cap alors que le Bénin est en construction. Et son dirigeant, le chef de l’État Patrice Talon se bat pour que nous ayons tous accès à l’eau potable, aux soins de santé adéquats, à l’énergie pour les besoins des ménages et des industries, aux infrastructures routières de bonne qualité…Vous voyez que l’expression démocratiqie en France ne peut pas être la même chose qu’au Bénin. Et comme en France, le Bénin ne peut se permettre qu’au nom de la démocratie, des citoyens cassent tout et détruisent tout, vandalisent les biens publics en toute impunité au motif des revendications et parce qu’ils sont en désaccord avec les autorités étatiques sur telle ou telle décision. Je dis non ! Nous ne pouvons pas choisir une telle expression démocratique qui ne nous ressemble pas du tout. Chez nous, le chef est sacré. On ne peut pas atteindre à sa sacralité sans en subir les conséquences lourdes dans le respect de la loi. En France, lorsque quelqu’un se permet au nom de la démocratie de gifler publiquement le chef de l’État pour des raisons politiques, il va seulement en prison pour trois mois et du retour de la prison, il devient la guest star des chaînes de télévision au nom de la démocratie. Aucun pays africain encore moins le Bénin ne peut adopter une telle expression démocratique. À chaque pays, la démocratie qui lui correspond.
Les internautes ne se sont pas indignés seulement à cause des propos du chef de l’État sur la démocratie. Ils sont nombreux à se dire scandalisés lorsque le président de la République Patrice Talon a dit face aux entrepreneurs français je cite : “j’aime la France et je me sens bien ici mais je ne parle pas que le français, je porte un nom qui ressemble aux vôtres”. Comprenez-vous honorable leur désapprobation ?
Laissez-les! Ils sont dans l’émotion et je les invite à rentrer dans la raison et élever leur niveau de connaissance des enjeux économiques de notre monde d’aujourd’hui. Il faut dédramatiser les propos du Président Patrice Talon devant les investisseurs français. Le chef de l’État est dans une mission de diplomatie économique de haut niveau. Son langage est donc purement diplomatique. Quand on n’est pas un spécialiste des langages diplomatiques, on ne peut pas avoir des ressources intelectuelles pour décoder et détecter les propos du chef de l’État en de pareilles circonstances. De même monsieur le Journaliste, les émotifs doivent savoir que nous sommes dans un monde qui impose la guerre économique à tous les États qui veulent survivre. La guerre économique s’impose à tout le monde. Ou bien vous la menez ou c’est elle qui vous malmène. Contrairement à d’autres dirigeants du monde qui ont choisi les armes, les sanctions économiques ou l’instrumentalisation des institutions internationales pour livrer cette guerre, le président Patrice Talon a choisi d’engager le Bénin dans cette inévitable guerre économique par le verbe car le langage est mieux que la violence et la manipulation. Dans sa quête des investissements directs et étrangers, le Bénin est en compétition avec d’autres pays du monde. Les propos du chef de l’État devant les détenteurs des capitaux français relèvent d’un langage de guerre économique au bénéfice de la diplomatie économique béninoise. Que les émotifs élèvent le niveau du débat et cela leur fera du bien. Je vous remercie.