M. Amadou Diagne, Président du Forum des opérateurs pour la garantie de l’émergence économique de l’Afrique (Fogeca) était à Cotonou au cours de la semaine écoulée. Il était porteur d’un important message au Président Patrice Talon. Ce message porte sur les conclusions de la 12è édition du Forum de l’émergence économique en Afrique organisée du 19 au 20 janvier 2019 au King Fahd Palace de Dakar. Nous l’avons rencontré avant l’audience. Il est revenu sur les conclusions de ce Forum. Pour M. Diagne, “l’émergence économique de l’Afrique passe forcément par la gestion transparente de ses ressources”.
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Le Fogeca a organisé du 19 au 20 janvier 2019 au King Fahd Palace Hôtel de Dakar la 12è édition du forum pour l’émergence économique de l’Afrique. Peut-on avoir une idée du sort qui a été réservé aux grandes recommandations qui ont sanctionné ce grand rendez-vous qui a rassemblé des hommes d’affaires et des décideurs du continent ?
Nos foras que nous avons l’habitude d’organiser sont toujours sanctionnés par des recommandations, des conclusions. Nous ne faisons pas partie de ceux qui font des foras et ensuite rangent les conclusions dans les tiroirs. Au Fogeca, nous avons une approche qui est totalement différente. Ainsi donc, les recommandations qui ont été faites à l’issue de la 12è édition du Fogeca ont été compilées sous la forme d’un rapport destiné aux Chefs d’État et de gouvernement, aux institutions internationales, aux Présidents des patronats des pays africains, aux décideurs et en un mot aux acteurs économiques africains. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une semaine après le forum de Dakar, nous avons pris notre bâton de pèlerin pour nous rendre dans certaines capitales africaines pour remettre officiellement aux dirigeants de notre continent lesdites recommandations.
De façon détaillée, est-ce que vous pouvez rappeler à nos lecteurs les grandes lignes dudit rapport ?
Cette question nous renvoie aux thèmes qui ont été abordés au cours du forum de Dakar de janvier 2019. Nous avons parlé de l’agriculture. Nous avons parlé du pétrole puis du financement du développement. Qui parle de pétrole, d’agriculture et de finance, parle forcément de transparence. Et à l’issue de nos assises, une des recommandations a porté sur la transparence dans la gestion des affaires publiques. De commun accord, institutions politiques (étatique), acteurs économiques et autres se sont tous rendus compte de ce que l’Afrique pour se développer vraiment doit fonctionner sur la base de la transparence à tous les niveaux. Au Sénégal, il y a eu récemment la découverte d’un important gisement de pétrole. On en a vu ailleurs. D’autres en avaient depuis des lustres. A l’unanimité, ce qui est demandé, c’est une gestion transparence des ressources issues de l’exploitation de cette manne pétrolière. En parlant de l’agriculture, on s’est rendu compte qu’il est important d’aller à la diversification. Des pays pétroliers comme la Guinée équatoriale ont longtemps basé leur économie sur le pétrole. Et quand il y a eu crise, tout a périclité. D’où l’importance de la diversification en misant beaucoup sur l’agriculture qui est en fait, le moteur de tout développement. Quand on parle d’agriculture et de pétrole, forcément cela renvoie au financement. La 12è édition du Fogeca a donc retenu que le financement du développement ne doit plus être une question exclusivement étatique, mais il doit être aussi une préoccupation du secteur privé. Le privé et le public doivent, la main dans la main, se compléter. Voilà donc de façon très ramassée les conclusions auxquelles nous avons abouti. Ce qu’il y a de très important à retenir est qu’entend qu’acteurs privés, nous devons accompagner nos gouvernants dans la conduite et la réussite de leur politique économique. Et faire également comprendre à ces gouvernants que nous du secteur privé, nous ne sommes pas des ennemis, mais des partenaires privilégiés qui sont là pour la complémentarité dans la réussite de leur mission républicaine. Le secteur public et le secteur privé doivent être comme une dialectique dans la résolution des grandes questions d’ordre économique de toutes les nations africaines. D’ores et déjà le Fogeca s’emploiera à apporter son expertise dans la résolution des différends qui peuvent opposer acteurs du secteur privé et autorité étatique. Désormais, nous avons aussi décidé d’organiser le forum à tour de rôle dans les pays africains, qu’ils soient du Nord, du Sud, du centre, de l’Est ou de l’Ouest. Nous n’allons plus nous limiter seulement au Sénégal. Nous l’avions déjà fait au Bénin et au Gabon il y a de cela quatre ans. Nous avons décidé de nous ouvrir au reste de l’Afrique.
Vous avez décidé de faire le tour de certaines capitales africaines pour transmettre aux décideurs et gouvernants les conclusions de la 12è édition du Forum pour l’émergence économique de l’Afrique. Pensez-vous qu’ils vous accorderont une oreille attentive ?
Ils sont tenus. Et j’y crois fermement. Ils sont tenus d’être à l’écoute des cris de cœur de leurs administrés. A Dakar, c’est l’administration publique qui s’est retrouvée avec le secteur privé pour jeter un regard vraiment prospectif sur l’émergence économique de l’Afrique. C’est une large partie du continent qui s’est retrouvée à Dakar pour échanger. Il y a eu des décideurs représentés par les Présidents de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale puis du Parlement panafricain. Il y a eu des députés, des membres de gouvernement, des premiers ministres et vice-premiers ministres, des chefs d’entreprises, des Présidents de patronat… donc une partie importante de l’Afrique qui s’est retrouvée. Nos gouvernants sont donc dans l’obligation de tenir compte de ce qui a été décidé par tous ces gens là. Ceci va d’ailleurs dans le sens de la réussite de la mission qui leur a été assignée. Je pense à mon humble avis que tout gouvernant, tout Chef d’État, tout Chef de gouvernement qui veut bien faire, doit prêter une oreille attentive aux recommandations de notre forum. On ne gouverne pas en l’air. On gouverne en tenant compte des besoins de ceux qu’on gouverne. Ce que nous avons fait à Dakar ne reflète que la volonté des peuples Africains.
Peut-on assimiler votre présence à Cotonou à ce tour des capitales africaines que vous avez entrepris pour transmettre aux décideurs les conclusions du 12è Forum de l’émergence économique de l’Afrique ?
Oui ! Nous sommes à Cotonou pour porter les conclusions de nos travaux à l’attention de SEM Patrice Talon, Président de la République du Bénin. Je pense que ce rapport permettra au Président de la République du Bénin de comprendre plus encore les réalités économiques de notre continent. Cela lui permettra également de le faire appliquer au Bénin. Au-delà des recommandations, il y a également des conseils qui sont donnés et le Président peut se baser aussi sur nos conseils, s’il les juge utiles, pour évidemment parfaire et développer la politique économique du Bénin. Le Président Talon connait très bien le Fogeca. Avant qu’il ne soit Chef de l’État, il nous a toujours accompagné. La première médiation que nous avons eu à faire, nous l’avons faite ici à Cotonou dans un différend qui a opposé le régime Yayi à l’homme d’affaires Patrice Talon. S’il y a quelqu’un qui doit douter du bien fondé des actions du Fogeca, ce n’est pas SEM le Président Patrice Talon. C’est la raison pour laquelle c’est avec fierté que je suis venu à Cotonou pour lui remettre officiellement les conclusions issues du forum de Dakar.
Pour vous qui connaissez le Bénin, quel regard jetez-vous sur ce pays au plan économique ?
Dans nos analyses, nous n’avons pas de parti-pris. Nous cherchons toujours à être objectif. En ce moment au Bénin, il y a des choses qui sont faites et qui permettent d’espérer des lendemains meilleurs. De la même manière, il y a beaucoup d’autres choses à parfaire au plan économique. Dans le rapport que nous allons transmettre au Président Talon et à d’autres Chefs d’État, je pense que si le Président le lit bien, cela pourrait lui permettre de réaliser ses objectifs et de révéler le Bénin au plan économique comme il a l’habitude de dire. Évidemment, nous notons quelques grincements de dents par ci et par là. Mais nous avons la conviction que c’est des problèmes qui ne tarderont pas à être réglés. Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Le Bénin traverse peut-être un moment difficile dans sa vie politique dû à un certain malentendu entre alliés politiques d’hier. J’ai la conviction que cela va passer. Nous allons en discuter avec le Chef de l’État et je pense que dans la discussion, toutes les questions liées à ce différend seront abordées avec un accent mis sur une sortie rapide de crise. Et tel que je connais le Président Patrice Talon, tel que je connais le Président du Patronat du Bénin, Sébastien Ajavon, tel que je connais les autres acteurs du secteur privé, et tel que je connais le Béninois, tous les problèmes seront résolus en interne et je suis sûr que sous peu de temps on va très rapidement oublier ce passage pour que les Béninois se consacrent à l’essentiel qu’est l’émergence économique de leur cher pays. Le Bénin a toujours servi d’exemple en Afrique du point de vue démocratique, du point de vue du vivre ensemble, du point de vue intellectuel… C’est un acquis qu’il faut absolument préserver à mon avis. Et c’est ensemble, main dans la main entre le secteur privé et le secteur public que ce pari sera gagné.
Propos recueillis par : El-Hadj Affissou ANONRIN
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