Par : Florent COUAO-ZOTTI
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Pourquoi faut-il qu’à l’approche des élections au Bénin, les députés se dépêchent de rédiger, comme de mauvais élèves hantés par leurs propres médiocrités, des propositions de lois destinées à nuire aux concurrents et aux personnalités qui hantent leurs sommeils ? Pourquoi sont-ils obligés de tailler à chaque fois des lois sur mesure pour la majorité ? Caution de 200 millions de francs pour les listes aspirant aux législatives, perte de statut d’anciens présidents pour les ex voulant se présenter, 250 millions de francs de caution pour les présidentielles. Et il s’en trouvera toujours des gens de mauvaise foi pour venir justifier cette hérésie, étaler les incohérences de ces dispositions avec l’arrogance et le mépris blindés des gens rassasiés. Même si je désapprouve qu’un assoiffé de pouvoir … veuille devenir encore député je déteste pour autant qu’on instrumentalise les lois pour décapiter, humilier, mettre à genoux des adversaires politiques. Les mêmes qui, hier, avaient servi le régime Yayi, jouent aujourd’hui les essuie-glaces de service pour Talon, prêts à se renier, renier leurs propres passés et même leurs ADN.
Faut-il rappeler qu’une nation reste une entité forte et complexe qui évolue selon des logiques historique, socioculturelle et juridique ? Que de petits zélés, à la recherche d’un regard bienveillant du président, fassent de la surenchère, cela relève de la banalité. Mais que ces margoulins prennent en otage une institution de la République en risquant des lois qui divisent, rompent des consensus, insultent le bon sens, cela devient dangereux. Mais une chose est certaine: quels que soient les zèles orchestrés par les uns et les autres pour servir un homme, la nation, tôt ou tard, retrouvera sa dynamique et se débarrassera des scories qui ont nuit à son évolution. À l’échelle d’un pays, ces gesticulations sont vaines, aléatoires et bêtement prétentieuses. Car, dix ans, vingt ans dans la vie d’un homme sont certes énormes, mais à l’échelle d’un pays, surtout dans son histoire, ils restent modestes, voire insignifiants. On sait qu’on compte à l’Assemblée Nationale du Bénin plus d’indélicats (le mot est faible) au centimètre carré que de députés respectables. On n’est pas surpris que, sentant leurs morts proches, ces gens usent de tout pour s’accrocher à un lambeau de vie que peut encore leur concéder celui qu’ils croient être le maître du jeu. Les insensés ! Ils oublient que c’est au peuple, d’abord au peuple qu’ils doivent tout.