Par : Is-Deen O. TIDJANI (D.O.T)
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Leur temps de gloire est désormais compté. Sous peu, on ne les verra plus jamais gravir le peron du Palais des gouverneurs. Eux, ce sont ces députés dont les visages nous sont devenus familiers avec le temps. Tellement nous les avions vus depuis des législatures. Tellement nous les avions côtoyés. Tellement on a entendu leur nom dans le lot des élus du peuple.
Dans le lot, certains ont brigué une, deux, trois, quatre voire même cinq législatures depuis l’avènement du renouveau démocratique en République du Bénin. À force de voir ces mêmes visages garnir les sièges de l’hémicycle, on avait fini par croire que ces hommes et femmes étaient les seuls à détenir le secret de cette longévité au parlement. On a fini par croire qu’ils avaient le titre foncier pour sièger au Palais des gouverneurs.
Tellement ils ont duré à l’Assemblée nationale au fil des différentes législatures qu’on a fini par se dire qu’ils sont les seuls maîtres de leur localité, ou qu’ils sont les seuls instruits de leur circonscription électorale. Ils ont réussi à faire de la fonction parlementaire, une carrière. Tellement ils ont duré au parlement que leurs proches ont fini par croire que le poste temporaire d’élu du peuple qu’ils occupaient, est leur fonction.
On se rappelle de quelques anecdotes à ce propos. Un quidam dont le géniteur a répondu à l’appel éternel, avait inscrit sur le faire-part de décès : “chauffeur de député”, histoire de faire croire à ses autres frères et sœurs (maçon, menuisier, soudeur, ménagère, etc…), qu’il a lui aussi une fonction, et pas des moindres, chauffeur de député.
Dans les habitudes, il était devenu ordinaire d’entendre dire, c’est l’enfant ou la femme du député. Avec le temps, cette fonction honorifique qu’est celui d’élu parlementaire, a été galvaudée par des hommes et femmes qui l’ont descendu de son piédestal. Dans leurs rangs, on pouvait y voir quelques cinquagénaires et autres sexagénaires à qui la vie ne doit plus rien, mais qui étaient les décideurs/éditeurs absolus de lois qui gouverneraient tout un peuple de plusieurs millions d’âmes. Il y avait aussi dans leurs rangs, certains qui n’ont jamais plus prononcé une seule phrase à l’hémicycle, depuis le jour de leur installation officielle au palais des gouverneurs. D’autres encore venaient simplement au parlement dormir ou lever leurs mains moites et ridées, au moment du vote de lois, en signe d’approbation. Cette catégorie était d’ailleurs la plus importante. Certains n’ont jamais fait la moindre propositions pour, ne serait-ce, qu’enrichir les débats parlementaires au cours des différentes plénières. Ils attendaient juste la fin des débats pour lever leurs mains moites et ridées en signe d’approbation. Et tout ceux-là étaient aussi appelés députés et payés au frais du contribuable.
Mais ce temps est désormais révolu. On ose bien croire que sous peu, ils ne seront plus que des “fossiles” qui auraient pris par le palais des gouverneurs. Avec la constitution béninoise révisée dernièrement, ils ne pourront plus se permettre de revenir au parlement pour faire la sieste.
Ils ne pourront plus se targuer d’être les seuls titulaires de ce titre foncier de “députés carrieristes”. Et pour cause, dans la constitution béninoise révisée, il est écrit noire sur blanc, que désormais le mandat de député est de cinq ans renouvelable seulement 2 fois. Ce qui laisse croire que désormais, un député ne ferait plus de 15 ans au parlement s’il a la chance de passer l’examen populaire pour se retrouver à l’hémicycle.
C’est clair qu’avec cette nouvelle disposition, certains “députés fossiles”, “députés dormeurs”, “députés mangeurs d’arachide”, “députés joueurs de tam-tam et gons”, et autres “députés absentéistes”, ne seront plus les pensionnaires du Palais des gouverneurs.
Avec cette réforme, ce sont de nouveaux leaders qui verront le jour dans les différentes circonscriptions électorales. C’est aussi le boulevard du Palais des gouverneurs qui est grandement ouvert à de nouveaux visages pour apporter leurs contributions à l’édification de la République du Bénin. Ce sera aussi, un adieu à ses “députés carrieristes“. Et ce ne serait que justice. Enfin, il était temps.